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L’expatriation, ce choix qui pèse lourd sur les épaules des chefs de famille...

Je ne peux pas forcer mon enfant à aimer ce pays et surtout cette culture si différente de la nôtre.

L’angoisse du rejet du pays d’expatriation

En 2019, Arnold* et son épouse décident de s’expatrier en Inde, avec un grand groupe français. La mission, il la connaît bien et cela fait une dizaine d’années qu’il travaille dans la même entreprise. Mais la destination l’inquiète : “Nous n’avons pas forcément dans nos esprits d’Occidentaux une image très positive de l’Inde. J’ai ressenti une peur profonde d’un rejet du pays de mon enfant de 2 ans ou de ma femme.” confie-t-il. “C’est une pression immense car c’est un facteur que l’on ne maîtrise pas. Je ne peux pas forcer mon enfant à aimer ce pays et surtout cette culture si différente de la nôtre. Et il est difficile pour un enfant si petit d’expliquer ce qu’il n’aime pas.”

l'expatriation génère beaucoup d'émotions au quotidien

J’ai entendu dire que c’est plus difficile avec des adolescents. Mes collègues ont vécu des situations de rejet.

Trois mois mois avant l’installation, Arnold part en voyage de reconnaissance. Son épouse l’accompagne pour se projeter : “Je lui ai demandé à la fin du voyage si elle se voyait vivre là-bas. Elle m’a dit oui.” Mais la pression est toujours latente : ”je me projetais, ma femme aussi. Et si mon fils ne s’y plaisait pas une fois sur place, que faire ?”. En avril 2019, la famille s'installe. L’épouse d’Arnold ne souhaite pas travailler tout de suite, le temps de prendre ses marques. Pendant trois mois, Arnold scrute chaque signe de rejet : “mon fils dormait mal au début… Je me disais que c’était peut-être ça, le rejet. Un poids au quotidien.” Heureusement, la crainte s’estompe, le petit rentre heureux de la crèche indienne, et la famille trouve son équilibre. Avec le recul, Arnold analyse : “le cadre professionnel était sécurisant et le risque venait de ma sphère personnelle. Nous avons fait en sorte de prendre le temps de nous adapter. J’ai entendu dire que c’est plus difficile avec des adolescents. Mes collègues ont vécu des situations de rejet.”

Nous nous sommes retrouvés après la rentrée scolaire sur le bord d’un trottoir, assis sur des valises à attendre un taxi qui nous emmènera au bout du monde avec 3 enfants…

s'installer en expatriation avec ses enfants sa femme n'est pas anodin

 

La sphère professionnelle, une épée Damoclès

Stéphane, expatrié en Asie dans les années 90, a lui aussi vécu la pression…presque jusqu’à la rupture. Choisi pour diriger une filiale d’un groupe français à 37 ans, il embarque sa famille : ”en quelques semaines nous sommes passés d’une vie parisienne classique à une vie en Asie. Nous nous sommes retrouvés après la rentrée scolaire sur le bord d’un trottoir, assis sur des valises à attendre un taxi qui nous emmènera au bout du monde avec 3 enfants…” se souvient-il, n’ayant pas eu le temps de faire un voyage de reconnaissance avec son épouse auparavant. Les premiers mois se passent bien, les enfants prennent leur marque dans un pays très moderne et la maman tisse une toile sociale solide. Au bout de six mois, la filiale devient une joint-venture entre plusieurs pays. L’environnement multiculturel se complique : “le management a changé et la façon de travailler m’a rendu inquiet. J’ai senti une certaine pression au quotidien, tout était différent.”

Il est difficile de se plaindre auprès de ses proches en France, beaucoup pensent que l’expatriation est une carte postale…

l'environnement multiculturel n'est pas un long fleuve tranquille

Arnold aussi s’est retrouvé dans une sphère professionnelle à risques en 2022. Après l’Inde, le couple décide de s’expatrier au en Asie du Sud-Est où Arnold accepte un contrat local, dans une entreprise au management très différent et au turnover élevé. “J’avais la sensation d’avoir en permanence une épée de Damoclès au-dessus de la tête”, raconte-t-il. La peur d’un licenciement le pousse à accepter des horaires lourds et des demandes exigeantes. Mais il relativise : “c’est un risque que nous avons pris en pleine conscience. Je suis d’abord parti seul pendant plusieurs mois pour passer la période d’essai, trouver un logement et l’école”. Un choix qui lui a permis de limiter la pression sur sa famille : “Créer un mouvement de 4 personnes en plein milieu d’année aurait été une folie.” Occupé par son travail et la découverte du pays, il s’adapte rapidement. Mais une fois sa famille arrivée, l’enjeu change : tenir son emploi coûte que coûte. Son salut ? Un chef français bienveillant qui le protège de la pression et des confidences entre amis expatriés, capables de comprendre la réalité du quotidien : “Il est difficile de se plaindre auprès de ses proches en France, beaucoup pensent que l’expatriation est une carte postale…”

Avec le recul, je peux dire que je subissais du harcèlement moral

Stéphane n’a pas eu la chance de tomber sur un manager bienveillant. Son supérieur, anxieux à l’idée d’être licencié, reporte tout son stress sur son équipe. “Il était toxique, ne déléguait rien. J’ai envisagé plusieurs fois d’arrêter l’expatriation.” Pendant neuf mois, Stéphane tient bon, mais le poids psychologique est trop lourd : “avec le recul, je peux dire que je subissais du harcèlement moral”. Le chef de famille se tourne vers sa conjointe et ses amis : “Je me suis beaucoup reposé sur eux. J’avais du mal à le garder pour moi. Mon épouse était d’accord sur la possibilité de rentrer.” Et puis un jour, le manager toxique est parti et la pression est retombée. Aujourd’hui, Stéphane n’a qu’un conseil pour ceux qui vivent une situation similaire : “Il faut partir. je sais que c’est plus difficile de le faire en expatriation, mais un management toxique est presque pervers, il faut se préserver et s’en aller.”

l'expatriation peut briser un homme, un couple, une mission

Il y a ce regard de défiance, voir si tu peux être un bon ami. Lors des soirées, nous parlions parfois du travail…

Réussir son intégration à tout prix en expatriation

Retour en Inde en 2019. Arnold témoigne d’une autre forme de pression, celle liée à la vie sociale : “En Inde, la communauté expatriée est très petite, et mon entreprise en concentrait une grande partie. Il n’y avait pas de frontière entre vie professionnelle et vie personnelle” se souvient l’expatrié. Faire ses preuves, se soucier du regard des autres…Et se retrouver le lundi matin en réunion avec son manager, celui-là même qui chantait à tue-tête dans un micro il y a deux jours …”Il y a ce regard de défiance, voir si tu peux être un bon ami. Lors des soirées, nous parlions parfois du travail…” Arnold finit par s’éloigner de ses collègues : “Je me suis rapproché d’expatriés extérieurs à mon entreprise. Cela m’a fait du bien.”

Stéphane a réussi son intégration et a eu une vie sociale très épanouissante. 30 ans plus tard, son épouse et lui ont toujours de bons amis issus de leur expatriation asiatique “Mes enfants ont été, je crois, très épanouis. Je ne me suis pas inquiété pour eux. Je remercie mes amis et mon épouse de m’avoir écouté et soutenu dans les moments difficiles de mon expatriation.” confie-t-il, conscient que le lien entre personnes “déracinées” est puissant et que l’entourage social permet de vivre une expérience à l’étranger plus sereine. Après deux expatriations, Arnold est convaincu : “l’amitié en expatriation est particulière. Certaines seront éphémères, d’autres s’éteignent après le départ. D’autres encore sont très solides, marquées par une expérience commune que nos amis dans le pays d’origine, aussi proches soient-ils, ne pourraient pas comprendre.” 

Nous partons pour une nouvelle vie, mais nous embarquons surtout avec nous le poids de tout ce que nous pourrions perdre.`

l'expatrié est un super héros qui a des pressions

Si Arnold et Stéphane ont vécu des formes de pression différentes, ils partagent une certitude : l’expatriation est une épreuve de résilience, qu’elle soit liée au travail, à la famille ou à la vie sociale. “Nous partons pour une nouvelle vie, mais nous embarquons surtout avec nous le poids de tout ce que nous pourrions perdre.”, souligne Arnold. Interrogés, aucun des deux chefs de famille ne regrette une seule seconde leur expatriation.

*le prénom a été changé 

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